45 % des Québécois (45 ans+) ont traversé la première moitié de leur vie dans un monde sans ordinateurs, 78 % (20 ans+) sont nés avant l’arrivée du Web et ceux qui restent ne peuvent pas voter. Ces statistiques illustrent l’ampleur du défi pour « voir » et « co-créer collectivement » notre avenir numérique. L’ensemble de la classe dirigeante du Québec a été formé par des livres imprimés, des cours magistraux et des notes manuscrites. Dans 40 ans, celle qui la remplacera devra interroger, trouver et gérer l’information en fonction de scénarios élaborés collectivement. La mutation nécessaire entre les deux est plus importante qu’une simple mise à jour. Notre société pré-1984 a été conçue, légalement et économiquement, dans un environnement où la capacité citoyenne de communiquer se limitait à la conversation en direct (en personne ou par téléphone) et la poste. Les citoyens d’aujourd’hui possèdent un ordinateur audiovisuel relié à la planète dans le creux de leur main.
La majorité des pièces pour l’entretien du système politique et économique pré-1984 sont discontinuées, les nouvelles sont en cours de compilation sur un serveur, idéalement sécuritaire et au Québec. Comment se protéger du prochain Monsieur TPS si personne ne comprend rien au code? En travaillant intelligemment à notre réingénierie numérique, c’est l’ensemble de la société québécoise qui en bénéficiera sur le plan de la gouvernance participative, de l’augmentation de la qualité et de la diminution des coûts des services publics. Un chantier numérique québécois, où les jeunes pourront prendre part activement à la construction de la société dont ils hériteront, sera source d’innovations et d’expertises qui contribueront à notre richesse et fierté collective.
À l’aube d’un débat sur le système d’éducation, la majorité du savoir-être numérique est dans la rue ou la tour à bureau. Plus de 70% des Québécois étant au travail ou à la retraite, l’avenir s’apprendra nécessairement par autodidaxie. De nouveaux espaces de co-création économiques, sociaux et culturels deviennent nécessaires pour traverser cette mutation, mettre à jour nos connaissances et développer de nouveaux partenariats. Pour financer ces futurs espaces, physiques et virtuels, ne serait-il pas prudent de mettre un pourcentage du Fonds des générations de coté avant de l’abolir, pour préparer l’environnement sociétal et économique des générations à venir? Où prendre un pourcentage de la loterie, comme l’ont fait les Anglais pour mettre sur pied un fonds spécial indépendant du gouvernement visant à rassembler les forces vives en innovation et réingénierie, à co-créer en combinant le numérique et l’innovation sociale et à financer par la suite les meilleures initiatives qui en résulteront?
On ne pense plus, on réagit… Pour sortir de l’impasse, la co-création collective et l’engagement citoyen sont à prioriser, sur le terrain ET en réseau. Nous connaissons bien le terrain, le réseau reste à imaginer. C’est le meilleur moment pour le façonner sachant qu’il nous façonnera à son tour par la suite.
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Ce texte est aussi ma participation au groupe des “Treize étonnés”.
Le rapport d’étonnement et les liens pour poursuivre la conversation se retrouvent à plannumeriquequebec.org